07 March 2018

Abricotier



 Une photographie prise hier, après avoir acheté plusieurs paquets de Winston au bureau de tabac en prévision des prochains jours de pluie. Le tabac est mitoyen du Ranch, un bar interlope dans lequel se côtoient, depuis la nuit des temps, les vauriens et les étudiants de la faculté de Lettres dont le portail d'entrée se situe une centaine de mètres plus au Nord. Un bar que je ne fréquente plus depuis longtemps maintenant. Je ne suis plus un vaurien. Je ne suis plus un étudiant. Alors, les cigarettes en poche, j'ai longé, en marchant assez rapidement, la rue à sens unique qui conduit du campus universitaire au Carrefour City, parce que, toujours en raison de la pluie annoncée, il nous — Saki et moi — fallait suffisamment de provisions alimentaires pour ne pas avoir à quitter l'appartement pendant cette période. Il était près de 5 PM. Les températures étaient douces, tout comme la lumière micro-perlée d'humidité du soleil couchant. La circulation automobile se faisait de plus en plus intense. Ce que je déteste. J'ai pourtant pris le temps de faire cette photographie, et de fumer une Winston, appuyé des deux coudes par dessus la clôture qui surplombe le petit arpent de vigne. Je venais de remarquer que le vieil arbre fruitier — un abricotier, dans mon souvenir —, qui poussait sur la gauche au pied de la vilaine et blanche bâtisse, avait été scié. C'est ce qui m'a incité à produire cette image. Je voulais la comparer à une photographie faite des années auparavant et que, justement la veille, je publiai sur DOUBLE CARBON. Ici, à Montmerdier, les arbres ne sont absolument pas respectés, pas plus, d'ailleurs, que tout ce qui ne représente aucune valeur marchande aux yeux de l'immense majorité de connards qui peuplent cette cité — celle-ci comme les autres (ne nous faisons pas d'illusions). Le mégot de ma cigarette jeté dans le champ en contrebas, le Nikon rempoché, je suis reparti le long de la rue pour faire ces maudites et pourtant indispensables emplettes. Dans ma tête, montât le vacarme désespérant d'une tronçonneuse.