Chèresssss lectricesssss, chersssss lecteursssss — j'inscris tous ces "s", vous sachant si nombreux —, vous qui me lisez depuis si longtemps avec ferveur, dévotion, avec un intérêt sans cesse grandissant, je dois vous parler aujourd'hui d'une conviction qui s'est lentement mais durablement ancrée en moi au fil de mes innombrables billets. Je parle, ici, d'un sentiment, d'une sensation que ma modestie, mon humilité naturelle m'interdisaient jusqu'alors de m'avouer. J'ai enfin compris qu'à la lecture des premiers mots écrits par mes dix doigts agiles vous aviez deviné ce que moi-même j'ai longtemps cherché à me dissimuler. Et pourtant, le jour est venu : il me faut avouer, confirmer vos premières impressions, celles qui deviendront pour vous, avec le temps, une conviction inébranlable, une vérité. Cette vérité que j'ai tant tardé à reconnaître ouvertement. Le jour est donc venu. Il est grand temps maintenant de vous annoncer que vous n'étiez pas dans l'erreur, que vous aviez vu juste, que désormais vous n'avez plus à en douter, car vous avez absolument raison : je suis un pur et sublime génie.